Mad max, Aventure et ouverture en face est des grandes jorasses

L’été covid 2020 sera un bon cru pour les activités dans le massif alpin. En quelques semaines le talent et la fougue déversée sur les parois menace d’accélérer la fonte du permafrost tant les cordées sont rapides et coriaces ! Les enchainements et réalisations difficiles abondent, comme si le manque de travail et le confinement avaient crée les conditions parfaites pour un lâcher de fauves qui ont la dalle (et la fissure). Quand les amigos proposent une virée en face est des Jorasses, c’est bien là l’occasion d’ajouter notre pierre a l’édifice. Cette ligne saute aux yeux et nombreux sont ceux qui s’exclameront « je l’avais vu »!

Après une montée matinale au col de hirondelles et une longue après-midi a glander la haut, on s’installe dans les duvets pour une longue nuit. La traversée matinale pour éviter de se faire ratatiner en traversant le déversoir de rochers (droite de la paroi) nous amène aux pied des difficultés vers 7h. La ligne est tellement évidente que c’est avec une certaine surprise qu’on ne trouve ni piton ni coin de bois à R1. Gege nous a amené jusque là. On tourne et s’en suit un toit fissure très ludique (L2). Il y tout ce qu’il faut, des pieds et des fissures pour protéger !

Le « splitter » qui nous avait rempli d’euphorie la veille en scrutant la face aux jumelles est bien bouche… « une fissure en cul » ! Un piton extra plat me sauve et me permet de traverser à gauche pour rejoindre une autre fissure. Une expression est crée, au lieu de dire « dément » a toutes les sauces, maintenant ça sera « extra-plat ».

Ex : L’un dit, le rocher de la face est il est super compact et de très bonne qualité. L’autre s’exclame avec un sifflement : « extra-plat mec ! »

Arrivé au relai suivant je suis oblige de dégainer marteau et pitons. Ma grande expérience du pitonnage me permet de rendre mon index « extra-plat » (dans ce cas l’utilisation de l’expression ne s’applique pas) d’un coup bien (mal) placé. Et hop, tel une petite tomate cerise entre le marteau et l’enclume, mon bout de doigt si précieux explose en pulpe rouge. Mes collègues prennent le relai pour le reste des longueurs. Ah c’est bon les copains !

Victor nous emmène balader entre dalles et fissures. La qualité compacte du caillou nous force a rejoindre la gauche et éventuellement, à R6, le relai de la Gervasutti. Avec un petit perfo on aurait bien pu passer ces dalles et rendre l’itinéraire plus droit, mais bon cela sera pour d’autres, et puis dans cette paroi alpine ça n’a pas de sens pour nous de perforer. C’est à R6 donc que la question se pose : on rejoint l’itinéraire à la longueur de A2 où on force un passage à droite ? Victor se motive et franchit un mur une cinquantaine de mètres à droite. Ce sera le crux de la voie un 7a+ (7a oblig) bien retors et expo. Un sympathique mur a réglettes lui permet de s’approcher de la fissure déversante repérée précédemment. Et là, une dalle compacte le repousse. Notre pyrénéen barbu (tel le gypaète) déploie ses ailes (impressionnant), plante un piton, et s’embarque dans une traversée mal protégée (avec pieds glissants). Au terme de celle-ci, d’une dizaine de mètres approximativement, il ne trouve pas la fissure providentielle dont il avait rêvé. Avec Gégé au relai on commence a être tendu. Avec brio, il dégaine son crochet, plante un deuxième piton (mauvais), et s’engage dans le pas de bloc (7a). Ça passe ! Extra-plat ! Jusqu’au relai les protections sont encore douteuses (triangulations fantaisistes) mais le terrain est plus facile. En on enchaine la longueur en second avec Gégé.

En second ça va mieux….

Le froid commence à se faire sentir. Gégé prend la tête de la cordée. La prochaine longueur est très belle en fissure (on y a trouve une vielle sangle). Les pieds glacés et mouilles, un pas d’adhérence nous résiste, trop la flemme de redescendre et réessayer, ça restera A1 (surement 7b). C’est l’heure du bivouac et une terrasse providentielle nous attend. Le lendemain matin, encore 2 superbes longueurs (dont une fissure « extra plat » en 6c) nous permettent de rejoindre l’arrête puis le sommet de la pointe Walker.

les dernières longueurs
cuuuuuumbre!

Une super aventure bien complète et sauvage, le beau rocher en prime ! A noter que la ligne est relativement protégée des chutes de pierres qui canardent la partie droite de la paroi. Merci Gégé et Vic et spéciale dédicace a Martin qui nous a accompagné spirituellement puisque l’appât du capital aura été plus fort sur ce coup la (on comprendra, les conditions sont dures a la Rioja). La voie est évidemment nommée en pensant a Max qui avait copieusement défouraillé la droite du mur.

  1. Bravo les gars💪👏 !!!!
    Un mix Pyrénéen et alpins aura donné une superbe voie pour un bel hommage en sa mémoire ….

    Mathieu des Pyrénées

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