J’ai découvert pour la première fois les dolomites cet été. Ma première émotion a été la stupéfaction. De la beauté de ces aiguilles entremêlées, et aussi : comment se fait il que je n’ai encore jamais grimpé dans un tel paradis !
Escalader dans les dolomites est une aventure, à la montée comme à la descente. Le cheminement est complexe et ingénieu.
En 5 jours dans le secteur du Pale Di San Martino nous avons pu faire plusieurs grandes voies sans jamais redescendre en vallée, simplement par des transitions en via ferrata d’un Vallon à l’autre. Les refuges sont accueillants comme seul les italiens savent le faire !
En partant des dolomites je me suis promis d’y retourner et de faire découvrir cet endroit si spécial
Septembre dernier, alors que je grimpais au Verdon depuis près d’un mois, Anne me rejoins 2 jours pour enfin escalader dans les gorges. Bien que grimpeuse aguerrie elle n’avait encore jamais goutté au plaisir des gouttes d’eau du Verdon.
Nous commençons par Atelier Clandestin, une superbe voie dont la longueur clé est un pilier de 35m en 6c, de quoi se mettre dans le bain.
Atelier Clandestin : la longueur en traversée, un 6a+ mémorable !
Le 2ème jours nous optons pour une classique en 6b+ (indécotable) Rivière d’Argent. Les longueurs sont toutes plus belles les unes que les autres, et les styles varient, c’est une incontournable !
Rivière d’Argent : 6b+ dans les gouttes d’eau
Deux belles journées de découverte qui donne envie d’en voir plus !
Nous avons passé 3 jours dans ce petit paradis de granite sauvage. Le cailloux y est parfait, et le refuge confortable, la nourriture un délice.. Les gardiennes nous ont donnés sourires et bon conseils sur les voies à faire.
Voie 1 : Gogna Sccoglio di Mroz. Une belle pyramide sur la route du refuge, incontournable !
MrozLes belles fissures
Le 2eme jours, en partant depuis le refuge, nous avons grimpé une voie plus « montagne » au Becco de la Tribolazione, La » Malassora » , 2h30 d’approche et 250m de granite jaune.
TribolazioneLe brouillard rajoute de l’ambiance
Pour notre dernier jours, après la belle aventure de la tribulazione, nous sommes allés faire une voie plus courte et plus près : au Bastionate, 45min depuis le refuge.
Puis un bon dernier repas à l’italienne à 14h avant de redescendre en vallée.
Un jour de congé, une fenêtre météo et une bande de copains ; on file en montagne !
Le cailloux sur la 1ère longueur est un peu moyen mais la 2ème donne le ton : du granit jaune compact exceptionnel !
La 3ème longueurs est le crux. Après un début sur l’arête on rentre dans la partie en 7c sur 3 spits. Petits pieds et petites arqués dans une fissure, un régal.
L4 est une fissure un peu plus large qui termine dans une veine de quartz aux bacs acérés.
L5, le 7b sur la proue. Une escalade étonnante sur le pilier , c’est de l’équilibre plus que de la force , l’ambiance est superbe.
L6, 7a+, la même en plus facile.
Du haut on peut voir les copains dans le grand capucin, on a tout enchainé on redescend !
5 rappels avec une corde de 60m.
Une grande voie génial, spitée dans le dure, ça vaut le détour !
MATOS : 1 jeu jusqu’au 3
Topo Empire State Building Clochet du Mont Blanc du Tacul
On se prend au jeu pour essayer l’enchainement : repérage des longueurs dures par le haut (faute d’éthique ?), achat de chausson, trace de magnésie. On a pas beaucoup de marge.
J1 : Heureusement bien nuageux !
Descente en rappel (sur relai flambant !) du Jardin Secret et dépose du bivouac à L8.
On attaque vers 11h à grimper, les températures fraiches permettent de ne pas perdre son capital peau/pied trop vite. La ligne n’est à l’ombre que vers 14h30.
Le début déroule bien, L4 un peu dévers, puis c’est parti pour le festival de la dalle : 7a, 7b+, 7b+, 6c++ . Magnifiques, ultra technique !
Après 10 longueurs (2 d’entre elles ont nécessité de remettre un essai) , on arrive aux sacs. L’idée de continuer à grimper est vite écartée, les gouttes d’eau nous ont bien entamés !
L7 (7b+) ou La rape à doigts
On monte pour la 1ere fois notre portaledge gonflable (un peu de confort ne fais pas de mal), et on profite du bercement du Verdon.
J2 :
Réveil à 6h, il fait déjà bien chaud.
On se dépêche de plier bagage et on attaque le 7a (seule longueur où le cailloux et l’équipement sont moyens) nous voilà réveillés !
Suit le 7b+ physique, je termine en sueur. Il est 10h on remet les ledges et on attend que le soleil passe.
3 litres d’eau et 4h de sieste plus tard on se lance dans le 7c.
La fatigue commence à se faire sentir, on peine à mettre les petits chaussons mais on a toujours pas la marge pour les babouches ..
un des fameux 6c++
Arrivés au pied du 8a, dernière longueurs clef de la voie, les pieds de Jérôme déclarent forfait, il monte mettre les paires en bel esprit d’équipe.
Pour l’enchainement complet d’el Topo dans l’éthique puriste c’est déjà compromis, j’ai enchainé des longueurs en « moule » dans le bas… Je vais quand même tout donner.
J’avais fait ce 8a quelques jours plus tôt depuis le haut. Mais après 300m d’escalade je me sens un peu moins fluide.
Je tombe sous le relais , non sans crier un peu…
Ça ne sera donc pas l’enchainement rêvé mais une belle aventure, il faudra revenir un peu plus fort !